« Lors d’une assemblée constitutive à laquelle participaient plus de cent juristes, la fédération Juristes Démocrates de Suisse a été fondée aujourd’hui. Cette association a pour but de défendre et de développer, en collaboration avec les organisations syndicales et politiques des travailleurs salariés ainsi qu’avec toutes les autres organisations progressistes, les droits et libertés démocratiques. L’association veut élaborer et promouvoir des réformes destinées à rendre plus démocratiques les lois, l’administration et la justice ainsi que l’accès à cette dernière. Dans ce cadre, elle vise également à défendre des intérêts matériels, politiques et de fonction de la profession juridique et de celles et ceux qui sont en contact permanent, de par leur activité professionnelle, avec des questions d’ordre juridique. »

 

C’est par ces mots que commence le communiqué de presse des JDS du 11 novembre 1978. L’association faîtière suisse a été créée il y a exactement 40 ans, après l’apparition, au cours des deux années précédentes, des sections de Bâle, Berne, Genève, Vaud et Zurich.
L’association s’est consacrée d’abord à la campagne référendaire contre la police fédérale de sécurité et au soutien d’avocates et avocats dans le « procès des terroristes de Porrentruy » où les deux défenseurs avaient été menacés de sanctions disciplinaires. La Protection de l’Etat, dont nous saluons la bonne documentation des activités zélées dans ses premières années, a qualifié les JDS de « représentants de l’extrême gauche » luttant « entre autre contre la vitre de séparation entre les clients et leurs défenseurs, contre le retrait de leur brevet à quatre membres du collectif zurichois d’avocats et surtout de manière toute générale contre toute extension de la protection de l’Etat ».
40 ans plus tard, les avocates et avocats membres des JDS ne risquent pas de se voir retirer leur brevet s’ils ou elles représentent des personnes inculpées de « terrorisme ». Nous restons face à de nombreux défis en partie semblables, mais aussi nouveaux et les centres de gravité se sont déplacés. Ces dernières années, nous avons par exemple lutté contre les durcissements en matière d’asile et contre les conditions de détention provisoire, participé à l’observation de procès notamment en Turquie et sommes intervenus dans le domaine toujours croissant du droit pénal préventif ou de l’observation d’assurés. L’ancien organe de publication « Peuple + Droit » a été remplacé par la revue plaidoyer et le « secrétaire général » est devenu la responsable. Jusqu’à maintenant, l’association se veut être tant une organisation politique qu’une association professionnelle souhaitant s’engager pour les personnes défavorisées par le droit et « fortement contre l’instrumentalisation du droit par le pouvoir » comme le dit de manière pertinente Stephan Bernard dans sa citation sur le site web des JDS.

Pour marquer ce jubilé et pour mettre en exergue un choix de thématiques qui nous ont occupés ces 40 dernières années et qui vont continuer de nous préoccuper, les JDS organisent, du 23 octobre au 18 décembre 2018, six soirées thématiques publiques au cinéma de la Reitschule, à Berne.
Il y aura quatre projections de documentaires : sur les activistes en Turquie (Hevî), sur l’importance de l’analyse de crimes pendant la dictature de Franco sous l’angle du droit pénal (The Silence of others), sur la fuite et le sauvetage en mer (#MyEscape) et sur l’utilisation de Big data en tant que base des enquêtes policières (Pre-Crime). Une soirée sera consacrée au thème de la protection de l’Etat et à celui de la surveillance comme moyen politique. Le 16 novembre, soirée du jubilé proprement dite avec parution de la publication des JDS réunissant des contributions de plus de 20 membres des diverses régions sur des sujets concrets. Vous êtes toutes et tous cordialement invité(e)s !

Mélanie Aebli, secrétaire responsable des JDS

plaidoyer 5/2018